Candidato Caô Caô - Bezerra da Silva

12 septembre 2012

Candidato Caô Caô - Bezerra da Silva

Candidato Caô Caô (Pedro Botina e Walter Meninão)

Ele subiu o morro sem gravata,
dizendo que gostava da raça,
foi lá na tendinha bebeu cachaça,
até bagulho fumou,
entrou no meu barracão,
e lá usou lata de goiabada como prato,
eu logo percebi: é mais um candidato
para a próxima eleição !

Ele fez questão de beber água da chuva,
foi lá no terreiro pedir ajuda,
bateu cabeça no gongá,
mas ele não se deu bem
porque o guia que estava incorporado
disse esse político é safado
cuidado na hora de votar,
também disse, meu irmão,
se liga no que eu vou lhe dizer,
hoje ele pede seu voto,
amanhã manda os homens lhe bater,
podes crer .

Meu irmão, se liga no que eu vou lhe dizer.
depois que ele for eleito dá aquela banana pra você,
podes crer.

Meu irmão, se liga no que eu vou lhe dizer
hoje ele pede o seu voto
amanhã manda a policia lhe prender.
podes crer,
meu irmão, se liga no que eu vou lhe dizer,
depois que ele for eleito não arruma emprego pra você....

José Bezerra da Silva (23 février 1927,Recife - 17 janvier 2005,Rio de Janeiro).
C'était un guitariste,percussionniste,compositeur et interprète.
Caché dans la cale d'un navire venant de Recife,il débarqua à Rio de Janeiro à l'âge de 15 ans sur les traces de son père disparu dans cette même ville.
A Rio,il travailla comme maçon et peintre et avec l'argent qu'il gagnait,il étudia la musique.
Il habita pendant sept ans dans la rue,à Copacabana avant de rencontrer une fille avec qui il résida sur le "morro do Cantagalo".
Ses compositions sont des chroniques de conflits sociaux ou de personnages marginalisés qui habitent dans les favelas.
On peut dire que c'était un chanteur engagé,aux côtés des faibles même s'il n'était pas toujours un bon exemple à suivre...
Son humour et sa verve étaient assez décapants et virulents car ses réalités étaient dures.
On ne peut pas dire qu'il ait été um vrai sambiste "puriste",et il fut même injustement catalogué de "pagodeiro"(chanteur de pagode ,une évolution moderne de la samba) car ,disait-il,il était pauvre...

Candidat Bobard (Pedro Botina e Walter Meninão)

Il a monté la colline (il est allé à la favela) sans cravate,
en disant qu'il aimait la race,
il est allé là-bas au troquet boire une cachaça*,
il a même fumé un pétard,
il est entré dans ma baraque
et là,il s'est servi d'une boite de conserve de goyave comme assiette,
je me suis bientôt aperçu: c'est encore un candidat
à la prochaine élection!

Il a tenu à boire de l'eau de pluie,
il est allé au terreiro* demander de l'aide,
il s'est "cogné la tête"* sur l'autel du sanctuaire
mais cela ne lui a pas réussi
car le guide qui était habité par l'esprit
a dit: "ce politique est un coquin (là,je suis gentil dans la traduction...),
prenez garde au moment de voter;
il a dit aussi,mon frère,
fais attention à ce que je vais te dire,
aujourd'hui il demande ton vote,
demain il envoie ses hommes pour te dépouiller,
tu peux me croire.

Mon frère,fais attention à ce que je vais te dire,
après qu'il soit élu,il va t'envoyer promener,
tu peux me croire.

Mon frère,fais attention à ce que je vais te dire,
aujourd'hui il demande ton vote,
demain il envoie la police pour te faire prisonnier,
tu peux me croire.
Mon frère,fais attention à ce que je vais te dire,
après qu'il soit élu,il ne te trouvera pas d'emploi....

*cachaça:rhum brésilien,eau de vie de canne à sucre.
*terreiro:lieu de culte ou l'on pratique le candomblé ou l'umbanda ,des rituels afro-brésiliens...
* "se cogner la tête" est un rituel de l'umbanda ,destiné à s'attirer les faveurs de la divinité.
Rien de violent cependant,il s'agit simplement de poser le front sur l'autel ,ou sied la représentation de la divinité,avec les deux bras écartées de chaque côté de la tête.

Ce n'est certainement pas Bezerra da Silva qui va réconcilier les citoyens avec la politique.
Cette fracture là n'a pas de frontières,c'est partout la même rengaine de l'opportunisme à outrance.
Je ne généralise pas,je suis comme Bezerra:je constate tous les jours les dégâts..et depuis longtemps!
Bezerra avec la politique est dans son élément,comme un poisson dans l'eau!
C'est un sujet sur lequel il a longtemps surfé pour se maintenir sur la vague du succès.
Je reconnais qu'il était un peu excessif et pas toujours honnête,intellectuellement parlant ,mais ses sambas sont toujours intéressantes pour analyser les comportements.
Pour Bezerra,la politique était une hérésie,quelque chose qui s'apparente à une dissimulation ou a un simulacre!
Sa manière de le démontrer était la caricature,à l'extrème,d'ou certains dérapages incontrolés et quelques prises de position malheureuses.
Ces liaisons dangeureuses avec la très puissante "église universelle" du Brésil m'ont toujours interpellé,mais encore une fois,je m'interdis de porter tout jugement de valeur et je préfère rire des farces du critique politicard!
Il faut bien le reconnaître:souvent,dans les sambas de Bezerra (comme celle-ci), la réalité rattrape et dépasse souvent la fiction!